Depuis de nombreuses années, je tente d’optimiser la config de mon bike. Mais c’est plus en regardant ce qui se fait à Kona, et les études en souffleries faites par les pros, que par de réelles études de ma part.
Cette année, j’ai passée le pas, j’ai cramé une apres midi à faire des tests. Je vais vous livrer le protocole, et les résultats. Ce n’est pas parfait, mais l’avantage c’est que relativement simple à mettre en oeuvre et à exploiter.
Le matériel testé
- 2 casques : Casco speedairo avec et sans visières / Casco speedtime
- 3 config de roues : 50mm avt/arr – 50mm avt / Lenticulaire arr – 80mm avt / Lenticulaire arr
- 2 types de pneus : des pneus entrainement Michelin Power Endurance un peu usé (2000km) / des pneus neufs Michelin Time Trial 25mm
- 2 types de configs extensions aéro : barres relevées 40° avec une position tres compacte , et barres horizontales, position CLM plus classique.
- Cadres E119 tri+ avec et sans bidon sur le cadre
Cela fait déjà pas mal de configuration à tester, l’idée c’est de faire varier entre 2 tests que un seul paramètre à la fois pour tenter de voir l’influence de chacun. Bon, on sait que les watts gagnés ne s’additionnent pas forcément, sinon à en croire les constructeurs, à coup de 15 watts par ci, et 10 watts par là, on roulerait à 50km/h avec 100 watts!!, mais bon, ça devrait donner des idées.
Les perspicaces noteront que je n’ai pas eu l’intention de tester les tenues. Disons, que je me suis dis que pour une première, c’était déjà assez compliqué comme ça. La logistique? mettre dans la voitures, 2 paires de roues, la pompe, la boite à outil pour changer le poste de pilotage, les 2 casques et aller sur le lieu choisi …
Et pour tester les tenues compétition et l’impact des manchons / chaussettes, ce sera simple de faire ça cet été ! … #staytuned 😉
Le Protocole
L’idée est donc de s’affranchir du maximum de variabilité. C’est pour ça je n’ai pas utilisé le GPS pour mesurer des distances ou des vitesses. Car on sait tous qu’un GPS n’est pas suffisamment pas précis, à moins de rouler sur 1km (cf aerotune), mais dans ce cas, ça devient compliqué de rouler sur une route parfaitement droite avec des watts constants. Donc, j’ai privilégié une mesure courte, mais précise.
L’autre point, qui était important à mes yeux, c’est de mesurer des watts avec l’outil que j’utilise tous les jours, le pédalier FSA PowerBox. J’ai confiance (meme si certains me diront que ça peut varier en fonction de la température, que c’est pas suffisemment fiables …) Mais pour moi c’est important de sortir des watts, car cela me parle, beaucoup plus que des cm2 de surface frontale mesurés en soufflerie, ou encore un CdA qui reste assez théorique pour moi.
Pour maitriser la composante vent, j’ai trouvé une route abritée par un muret, et j’ai fait systématiquement la mesure à l’aller et au retour. Donc mon idée, c’est que meme s’il y a un peu de vent, les 2 trajets Aller et Retour vont se compenser.
Pour le choix du l’endroit, j’ai pensé au début au vélodrome de Seyssins, mais je me suis dit qu’avec le vent tournant, ça risquait d’être un peu galère. Du coup, je suis allé à TechniSud, une zone industrielle, mais les 4 lignes droites font à peine 200m, c’est trop trop court. Finalement, je me suis rabattu sur la ligne droite au bout de Jarrie, au pied des Charboneaux avec une ligne droite de 400m et surtout 2 zones de lancement un peu en pente de part et d’autres.
Et au final, le protocole que j’ai retenu c’est faire 3 aller/retour en 55×15 entre 70 et 80rpm. (entre 33 et 36kmh) Puis faire 3 aller/retour en 55×13 entre 70 et 80rpm, (entre 37 et 40kmh) et enfin 3 aller/retour en 55×12. (entre 41 et 45kmh)
Un conseil : une configuration = une séance sur le garmin. Et sur un bout de papier, vous notez bien l’heure de la séance et la configuration testée.
L’analyse des données
Pour chaque passage, il y a une phase d’accélération, puis une phase de stabilisation, c’est cette partie qui nous intéresse. Pour la découper, j’ai utiliser un algorithme d’intelligence humaine hautement perfectionné … bref, j’ai utilisé mon cerveau et ma souris, pour identifier sur Strava les « bonnes » données !!
J’utilise le zoom de Strava pour déterminer la dizaine de secondes de régime stabilisé et je reporte manuellement ensuite dans un tableur : la cadence et les watts moyens, sans oublier de mettre le braquet utilisé (si j’ai un doute, je regarde la vitesse, mais en général, y’a pas trop de doute, 15, 13 ou 12 dents)
J’ai collecté en tout pas loin de 134 points de mesure (… oui oui, je n’ai pas toujours fait les 3 A/R, souvent que 2 … c’est la différence entre la théorie et la pratique !)
C’est un peu long et fastidieux, mais c’est le plus juste. Si je devais à chaque fois appuyer sur LAP au démarrage et à fin, fausserait les chiffres. Là, au moins, on est sur que c’est hyper stable durant cette portion.
Cela donne ce type de tableau. Je rajoute ensuite une petite formule pour recalculer la vitesse à partir des tours par minute. (60min x 80 tpm x braquet (55/15) * circonférence de la roue ==> nb de KM fait en 1heure). Je fais ça pour que avoir une unité de mesure commune entre les différents passages.
La dernière étape c’est de mettre tous ces points de mesures dans un graphique et demander à Google Sheet de faire une courbe de régression (la résistance à l’avancement est sensée etre proportionnelle au carré de la vitesse, bon, j’ai trouvé une régression de type exponentiel, c’est pas parfait, mais j’ai trouvé que cela avait une bonne tete. Il ne restait donc plus qu’à récupérer la valeur pour 40km/h sur chaque série. Ce qui permet de comparer Apple to Apple.
Lien vers le fichier, si ça intéresse, certains, vous pouvez en faire une copie :
https://docs.google.com/spreadsheets/d/1ePSKCK5cdyZWy7jeyn6ZaLE65EURgGjiZJARUTsSEUU/edit
Et voici les courbes obtenues. Vous noterez certainement que certaines ont beaucoup de dispersion, par contre sur les derniers Run, on dirait que j’avais plus le coup de pédale. Alors que la #4, j’ai limité le nombre de run, et ça donne une truc qui à l’air très faux. On fera mieux la prochaine fois 😉
Making off :
Les références de mon matériel
Vous êtes nombreux à me demander des infos détaillées : les voici :
- Cadre Argon 18 E119 Tri + taille M
- Pédalier FSA PowerBox 172,5mm 55×39
- pédales Speedplay axe long titane (dulight.fr)
- Roues Vision Metron 50, 80, Disc
- Pneus Michelin Time Trial 25mm Michelin Power Endurance 25mm
- Transmission Shimano Ultegra Di2 R8050
- Prolongateur 40° Wattshop lien
- Appui coude monobloc 20° Wattshop lien
- Selle Dash lien
- Trousse outil XLAB Aero Pouch 300 lien (4watts de gagnés selon XLAB : source)
- Casque route : Casco speedairo RS
- Casque chrono : Casco speedtime
Résultats
Il y a deux manières de lire les résultats :
1/ par ordre chronologique, et du coup analyser entre 2 configs le paramètre qui a varié pour en déduire son incidence sur le système
2/ en valeur absolue. On considère que la valeur obtenue est comparable à n’importe quelle autre. … ce qui n’est pas totalement exact, car des paramètres ont pu évoluer durant la journée (la séance a durée 4h en tout)
J’ai pu conclure que le casque ce chrono n’a pas d’influence chez moi. Je pense que cela vient du fait que j’ai une position tres compacte et que ma tête est cachée derrière mes bras avec la position de la mante religieuse, barres à 40°.
Concernant la position des bras, il n’y a pas photo. 15 watts d’écarts entre les 2 positions.
Pour la gourde sur le cadre, je n’ai pas pu démontrer l’apport, mais j’ai souvent lu qu’il y a avait quasi 10 watts à perdre avec des bidons ronds sur le cadre. Concernant les bidons aéro, ça reste une autre histoire qui mériterait d’etre testé sur l’Argon.
Pour les roues, l’apport de la lenticulaire (Vision Disc : une 80 avec des flasques carbone collées) entre les config 4 et 5, fait diminuer la puissance de 14 watts. Bon, il faut savoir que la lenticulaire était chaussée avec les pneus Time Trial, donc ça fausse un peu. Par contre la 80 à l’avant ça semble moins bien marcher. Ça tombe bien je n’en ai pas. Il faudrait peut être refaire les tests de ce coté là, car cela semble surprenant.
Mais au niveau des pneumatiques, ya pas photos non plus, 12 watts d’écart entre la config 7 ou 8, alors qu’il n’y a que ce paramètre qui évolue.
Conclusions
Pour le choix de matos, ça confirme ce que j’intuitais, mais au moins, je sais ce que ça apporte. Casque speedtime pour faire joli, lenticulaire à l’arrière et 50mm à l’avant avec des pneus Michelin Time Trial, et surtout, le poste de pilotage bien relevé. C’est important d’avoir des convictions, ça permet de dépenser son énergie à faire autre chose (à nager quoi?! 😉 ) !
Concernant le protocole de tests, j’ai appris pas mal de choses. Si c’était à refaire, je n’appuierai pas sur la touche LAP , car ça ne sert à rien, puisque je retraite de toutes les manières tout à la main ensuite. Ce n’est ni long, ni compliqué à faire.
J’aurai du faire plus de passage > 45kmh. Ce qui est important c’est que l’aller et le retour se fassent à la même cadence pour un même braquet afin de neutraliser l’aspect vent.
Mais ce qui est aussi important c’est d’avoir une bonne diversité des valeurs. J’aurai bien fait par exemple : 1A/R à 34kmh, 1A/R à 36, 1 à 38, 1 à 40 , 1 à 42 etc … en changeant de braquet tous les 3 A/R
Si le modèle et les tests étaient faits dans des conditions optimales, on devrait avoir tous les points alignés sur la courbe. Ce qui n’est pas le cas. Donc il est important d’avoir un grand nombre de valeurs pour rendre le système plus robuste.
Et un petit historique
… 25 années de gagnées … et sûrement autant de watts de perdus