Compte rendu : Ironman Klagenfurt 5 juillet 2009


Voyage direction l’autriche via l’italie

Départ jeudi soir avec Olivier (Triathlète) et Nathalie (Ma femme). Arrêt dans un hôtel d’un autre temps au bord de l’autoroute à Turin. Simple, mais efficace, bonne nuit et arrivée milieu d’après midi frais et dispos à Klagenfurt. On campe avec les autres du club à 300m du départ. Ambiance estivale, ça sent les vacances … et le départ !

Derniers préparatifs

J’ai finalisé cette dernière semaine l’affutage, Home Trainer, Malto les 3 derniers jours, grosse pasta party le vendredi soir et retour à un régime « normal » le samedi, histoire de partir le dimanche matin le ventre léger, et les muscles chargés de glycogène.

Bonne dernière nuit, levé 5h00, 5 gâteaux sports et un peu de boisson d’attente : 0,5L, malto/ badoit dégazéifiée / un gel energie Overstim.

Natation : essorage 1200 t/min

Le départ est donné un peu rapidement, sans décompte, sans prévenir. Dommage, j’aurai bien aimé sentir la pression monter, sentir les 2500 furieux taper dans les mains. Ca part néanmoins très fort, un vrai banc de thon d’élevage en pisciculture, ou essorage 1200t/min, choississez votre comparaison. Et les Autrichiens sont plutôt bien taillés…

Je m’écarte un peu sur le bord, nage à mon rythme et regrette de ne pas avoir mesuré la position des balises, du coup je nage sans chrono, sans référence.

Les 800 derniers mètres dans le canal sont interminables, en plus le courant est en sens contraire.

Je sors en 1h07, loin derrière les premiers (47min) et aussi loin derrière les premiers du club (un peu moins d’une heure)

Transition catastrophique : je ne retrouve pas mon sac. Les bénévoles m’aident et je pars en chaussette retrouver mon vélo.

Velo : balade touristique à grande vitesse

Le parcours est composé de 2 boucles de 90km, plutôt vallonnés 850D+ par tour, quelques passages à 10% (15km/h), et un bitume de première qualité : un vrai billard.

Parti d’un peu loin, je ne m’emballe pas et je gère au cardio, au risque de payer le prix fort sur le marathlon. Je commence ma remontée en doublant les cadres aéros, les casques à pointes et autres roues lenticulaires qui m’en mettaient plein la vue hier dans le parc à vélo. Sans complexe, je rattrape rapidement tout ce petit monde et boucle le premier tour avec 39,5 de moyenne, soit le 9ième temps au scratch.

La transition entre ces deux tours se faisait sur une ligne droite de 300m, avec au bout un rond point pour le demi-tour. Du public de part et d’autres, des cloches des sifflets, des crécelles … je me suis cru un instant en bas des Champs Elysée un dimanche de fin juillet ! Et lorsque j’aperçois le drapeau de nos supportrices, les larmes m’en viennent presque tellement l’émotion est grande. Certaines choses ne s’expliquent pas, mais se vivent tout simplement. Sur la ligne, je croise alors Ludo et Mric et comprends que je viens quasiment de boucher mes 10min de retard natation sur ce premier tour.

Je repars bille en tête pour aller les rejoindre, si bien que je me plante dans un rond point et écarte de ma route le circuit de 30 km. J’ai confondu tapis de chrono au sol avec barrière = interdiction de passer. En plus, la voiture de l’organisation me conforte que mon choix est le bon, mais en doublant des personnes visiblement « attardées » encore dans leur premier tour, je comprends mon erreur … damned, je me suis trompé. Je fais demi tour et reviens sur mes pas. Ce seront près de 8min de perdue et autant d’énergie, tant pis. Je repars à l’attaque et redouble une seconde fois tout ces pelotons (pas mal de drafting), et je finis par reprendre Mric à 20 bornes du but. Je lui souhaite une bonne fin et je compte le revoir bientôt lorsqu’il me déposera à son tour à pied.

Course à pied : duel au soleil

Cette seconde Transition se passe mieux que la première, j’arrive dans un parc à vélo quasi désert, toujours euphorique. Mais je sens mon estomac noué (aurai-je mangé trop de PowerBar, trop bu ??).

Bref, les 3 premiers kilomètres se font à 10km/h, l’estomac complètement en vrac. Je sais et je veux que ça revienne, il me faut juste du temps. Mric me rattrappe d’ailleurs rapidement alors que je suis presque à l’arrêt.

Et la magie se passe. Peut-être est ce l’effet kiss cool du bisous donné à Nathalie ? Et oui, le fan club s’est positionné sur le parcours, le moral est au beau fixe. Je passe le 4ième kilomètre en 4’30, tout est nickel, il faut désormais tenir, bien respirer et s’alimenter.

Je récupère au 17ième km Ludo et Goupil, qui se balladaient à 12km/h. Ludo un peu faible, Goupil en gestion de course. Mrci fait toujours cavalier seul, mais mes nombreux informateurs  m’annoncent une baisse de régime du Leader (Mric). Il est vrai que sur ce parcours de 21km en mode Aller/Retour, nous n’avons pas cessé de nous croiser, nous les asvélien(ne)s. Du coup, on se motivait, s’encourageait, c’était génial.

Je refais un pointage au 27km, je ne suis plus que 2min derrière Mric, j’ai repris 3min en 10km. Mais le Goupil est 200m derrière moi, lunettes noires et sourire en coin à chaque croisement. … Je sens que ça va être dur de finir sur le sommet du podium.

Je décide alors d’accélérer pour semer Goupil et reprendre Mric, chose faite au 30ième, mais 3km plus loin, les quadriceps se durcissent peu à peu … des crampes. J’ai été trop gourmant, c’est au tour du Goupil, qui n’avait pas décroché de me déposer. Foutu pour foutu, je tente un coup de pocker et prends alors 2 potions magiques : un gel anti-oxydant et un gel énergie, suivent 2km assez dur, mais j’y crois encore : mes jambes vont revenir et le Goupil va craquer. Du coup je reviens à 100m du Goupil au niveau du dernier demi-tour. Il reste 5km. Ce dernier comprenant alors le danger menaçant accélère d’un coup, pour se fondre dans la foule pour ne plus être mon point de mire, l’expérience paye, je ne le reprendrais pas et finit trop heureux en 9h28. Les 2 derniers km sont énormes, les supporters hurlent, les autrichiens jouent de la crécelle et de la cloche à tue-tête. Nathalie est dans les tribunes officielles et n’ayant pas suivi les derniers rebondissements n’en revient pas de me voir arriver si tôt. 2ième derrière Goupil, 3ième Français et 80ième au scratch.

Pari tenu, je me savais capable de passer sous les 10h00, je songeais aux 9h30, mais je n’osais pas y croire.


« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ».  Mark Twain

Remerciements

Merci à tous, et en particulier

  • à tous les potes de l’Asvel, Ironman ou non, et en particulier à Manu de Lyon qui a largement contribué à me faire dire «oui» à Klag.
  • aux supporters présents à Klag
  • aux supporters présents devant www.ironman.com tout le dimanche à hurler dans le salon (ils se reconnaitront)
  • à mes partenaires d’entrainements: les hamsters matinaux, Julien (beaufrère et fidèle partenaire de course à pied)
  • à David pour les entrainements natation (même si j’ai encore du boulot)
  • à mes «sponsors»matériel :
    • Lionel pour le prêt des roues ZIPP qui avancent toutes seules
    • Juju l’équipement à pied et le prêt du polar
    • Beau papa pour les booster (même plus mal aux mollets)
    • Les frangines pour les lunettes
    • Mes parents pour le cintre aéro
    • Ma femme et beaux parents pour le home trainer «de balcon»
  • à mes coachs «préparation et gestion d’un ironman» dont voici quelques phrases cultes
    • Manu : le plus dur c’est d’arreter
    • Juju : ce qui ne te tue pas te rend plus fort
    • CC: malto avant 3 barres pendant et les gels vraiment à la fin, sinon attention l’hypo
    • Ludo : le corps a des limites que l’esprit ignore. Aie confiance!
    • Yo : travaille tes points faibles
    • MRJ : Famille Tri pas-travail ou l’inverse …
    • Goupil : La prudence sera t’a plus grande vertu
    • Peto et Marco : qui veut aller loin menage sa monture
  • à mes parents pour le bon choix de chromosomes et de VO2Max à la naissance (bah oui, il faut reconnaître que ça aide!)
  • à ma femme pour m avoir supporter a tous les sens du terme ces dernieres semaines et tout au long de cette folle journée, à mes beaux parents pour l’intendance a la maison,
  • et à tous ceux qui ont lu jusqu’à cette ligne ! (plus que 3 paragraphes)


Et si et si ….

Et si j’avais pas loupé cette fichue bifurcation …. j’aurai posé le vélo 8min plus tôt, seul en tête. Puis j’aurai eu mes crampes d’estomac seul, mes crampes aux cuisses seul et je n’aurai certainement pas couru aussi vite.

Si bien, que je n’ai aucun regret, que pour un premier Ironman j’ai pu vivre une course pleine de rebondissement avec tous les potes, aller chercher ma place à pied, moi qui ne suis pas un coureur et ça m’a certainement permis de passer un cap.

Donc pour cette double première (premier ironman, premier marathon), je n’ai aucun regret, que du plaisir.

Next time : petit pense bête

Quelques enseignements à tirer de ce premier Ironman afin de mieux préparer le prochain :

  • transition: il faut absolument visualiser et mentaliser la veille tout le déroulement de chaque transition. Refaire les gestes à blanc, d’où je viens, où est mon sac, où je vais, comment je me change …
  • parcours vélo et course à pied: si je n’ai pas le loisir de le répérer grandeur nature, il faut au moins que j’ai en tête le tracé, savoir s’il y a des embranchements à 3 pates: ce sont les plus risqués car on a vite fait de partir sur «une branche balisée» qui n’est pas la bonne. C’est arrivée à 2 personnes en course pied, et donc à moi à vélo
  • parcours natation: idem: mémoriser les distances entre chaque bouées afin d’avoir des repères
  • alimentation: apporter ses propres barres de céréales, les power bar c’est trop la loterie au niveau parfum à chaque fois.



Quelques Chiffres

Quelques données et paramètres

  • entrainements depuis Octobre:
    • 60 heures de natation sur 50 séances
    • 90 heures de vélo de route soit 2800 km sur 30 séances
    • 38 heures de home trainer soit environ 1200km sur 50 séances
    • 100 heures de course à pied, soit près de 1200km sur 80 séances
    • 6 semaines à 15h00 fin mai et juin
  • Compétitions :
    • Novembre : Sainté Lyon
    • Avril 10km
    • Mai : Half Ironman
    • Juin : CD
  • Physiologie
    • 72kilos la veille de Klag – FCmin : 36/ FCMax 175 après une semaine de repos
    • Velo : FC :  148/152    – FCMax : 165 sur quelques bosses pour le plaisir 😉
    • Marathon : FC : proche 150 au début, puis 140 à la fin – Max : 160 quand j’oubliais de contrôler
  • Course
    • 2500 participants, 2000 finisher
    • natation : 3,8km 1’07 – velo : 180km : 4h47 (Tour 1 : 2h15 – Tour 2 : 2h32) – marathon : 3h25 (semi 1 : 1h41 – semi 2 : 1h44)
    • temps final : 9h28
    • classements : 80 au scratch – 13 dans les 30/35 ans – 3ième français – 2nd du club



Ironman : la machine à rêve entre sport et business

Ironman : une invention de l’année 1975 devenu un mythe, un sport, un rêve et une marque aussi, ne l’oublions pas.  Et oui, dès qu’on arrive dans le village pour retirer son dossard, on comprend qu’outre les 400 euros déjà versés, on risque fort de se laisser tenter et déverser encore quelques euros ici et là pour les nombreux produits proposés. Et ça les marques l’ont bien compris.

C’est de bonne guerre, mais certaines dérives laissent pantois : la location de la puce de chronométrage : 4euros, la pasta party pour les accompagnants : 20 euros, le retrait du dossard : 6 euros (ça j’ai pas compris à quoi ça correspondait) …. Et finalement la pasta party est pas mal, mais sans plus, les ravitos sont un peu artisanaux par moment. Que dire des éponges ramassées par terre et redonnées aux concurrents suivants, les bidons à moitiés remplis etc ….  Et le pire c’est que l’organisateur serait déficitaire !

Par contre, la marque Ironman, qui revend sa licence et les slots pour Hawai près de 200 000 euros (je crois) à l’organisateur, eux, ne perdent pas d’argent.

Mais on a tous accepté, sans vraiment savoir, sans avoir le choix. Cette envie de vivre cette folle journée se prépare un an à l’avance et le soir même de l’ouverture des guichets, les 2500 places sont prises en quelques heures à peine (pour 2010 par exemple, les guichets sont clos!!) . Alors imaginez bien que tant que ça marche, ils vont pas se remettre en question de si tôt. Pas de questionnaire de satisfaction à l’arrivée, pas toujours de bénévoles pour nous aider non plus :-   (bon, moi je vais pas me plaindre : volontaire + masseuse 😀    … mais c’est pas le cas de tout ceux arrivée plus massivement ensuite)

Si c’était à refaire ? … je crois que oui, quand même, car c’est une occasion unique, une journée entière dédiée à notre sport, une certaine mise en scène qui nous projette dans une autre galaxie. Le slogan n’est-il pas « Be an ironman, be a star » ? …. Il est vrai que finir un ironman, c’est déjà énorme. Les derniers qui finissent en 17h00, vers minuit, la langue pendante et titubant (tu t’es vu quand t’as pas pu ? !! désydraté!) ont presque plus d’applaudissement et d’acclamation que les athlètes « moyens » qui bouclent l’affaire en 10h00!

Et si on ramène ça au prix d’une inscription sur marathon, à l’addition d’un repas chez Bocuse, au coût d’un saut en élastique, on pourrait même penser que l’ironman c’est bon marché (rapport plaisir/durée de l’épreuve/pérennité du souvenir, etc …). Mais c’est vrai que sur certains points, ils pourraient sans dépenser plus d’argent faire un peu mieux, ne pas traiter les triathlètes comme des vaches à lait, certes on est parfois un peu des boeufs, mais quand même … faut pas pousser mémé dans les orties.

Quelques photos et vidéos ASVEL

http://onlinexav.fr/tri/news/klagenfurt_photos_videos/

Photos persos